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LES SOLS épisode 1 : généralités

 

Le sujet de la conception des dallages sur terre-plein nous préoccupe depuis longtemps. Plusieurs solutions intéressantes existent, en écartant d’emblée toutes celles supposant des produits pétrochimiques, qu’il convient de comparer selon plusieurs critères : la performance thermique, la performance inertielle, sa performance hydrique, le niveau de transformation des matériaux, la facilité de mise en œuvre, son encombrement et les finitions permises.

 

Voici un tableau que nous avions établi pour un client il y a quelques années pour une rénovation.

 

 

Comparaisons de différentes solutions de dallages (non vérifiées). R est la performance thermique © l'atelier deux pans
Comparaisons de différentes solutions de dallages (non vérifiées). R est la performance thermique © l'atelier deux pans

 

La performance thermique : il s’agit de garantir une isolation optimale du sol car la sensation de froid au niveau des pieds est ce qu’il y a de pire. L’apport d’un isolant sec non compressible comme le liège est très performant, tandis que le chaux/chanvre et le chaux/liège apportent une correction parfois suffisante. Il existe par ailleurs des couches de forme drainante comme le MISAPOR (verre cellulaire expansé) ou le Granulex (ardoise expansée) qui affichent déjà une bonne performance thermique, et qu’il est pertinent de coupler avec le chaux/chanvre.

La performance inertielle permet de compenser un déficit thermique : il s’agit de stocker de l’énergie, de la chaleur que le matériau est capable de restituer progressivement. Cela suppose de la masse isolée du sol. Dans ce cas, les panneaux secs ne sont pas intéressants et les dallages de mortier type chaux, chaux/chanvre couplés à une couche de forme isolante (MISAPOR) sont très performants. Surtout si l’ensemble est fini d’un revêtement lourd type tommette.

Formation de remontée d'humidité par la pose d'une dallage non respirant.
Formation de remontée d'humidité par la pose d'une dallage non respirant.

 

La performance hydrique est la capacité à gérer la transmission de vapeur d’eau + le drainage. Cela suppose que la paroi soit respirante pour permettre à l’humidité sous-jacente de s’échapper. Rien de pire notamment dans le bâti ancien que les dallages en béton de ciment armé posés sur membrane polyane et parfois sans drainage. L’humidité sous-jacente qui ne parvient pas à s’échapper de manière répartie cherche la périphérie et remonte au pied des murs. Même phénomène avec carrelage, matériau de finition extrêmement fermé.

 

Les panneaux de liège, contrairement à ce qu’on pourrait croire, ne sont pas beaucoup plus respirants. Une fois de plus, seuls les dallages de mortier et mortier isolant liés à la chaux ou à l’argile posés sur hérisson drainant (cailloux, MISAPOR, Granulex, …) permettent une gestion optimale de l’humidité sous-jacente, considérant toutefois que le bâti ancien ne sera jamais tout à fait sec — et c’est heureux : l’assèchement complet du sol d’un bâtiment dont les murs reposent sur un sol peu profond et habitué à un certain milieu hydrique peut avoir des conséquences catastrophiques.


Il est donc indispensable de bien calculer l’encombrement du complexe, qui peut être conséquent notamment avec les solutions à couches isolantes sèches : faut-il creuser davantage le sol ou bien peut-on rehausser pour l’éviter ? (Et passe-t-on encore sous le linteau des portes ???)

 

Dans le tableau de l’illustration, nous avions conclu que la solution la plus intéressante était la version 4 : MISAPOR + Dallage chaux + tommettes. Si la performance thermique est modeste, elle permet un dallage simple de 15 cm avec une masse inertielle importante. Toutefois, ces dallages ne sont pas armés (la chaux ronge l’acier) et il ne faut pas négliger les risques de micro-fissures, ce qui semble plaider en faveur de finitions à petits éléments comme les tommettes.

 

Au cours de nos recherches sur les techniques traditionnelles du monde, une autre alternative plus expérimentale mais encore plus intéressante en termes écologiques nous a toutefois intéressé : il s’agit de remplacer le dallage chaux sur hérisson isolant par un dallage en argile tassée. Il s'agit 

du SANHETOU (三合土) en Chine ou SANWADO (三和土) au Japon.

 

Dans prochains articles nous détaillerons les différentes techniques évoquées plus haut et leurs nuances. 

 

 

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